Salam !
Le 14 juillet, nous passons sans trop d’encombres la frontière kirghize (mis à part une tentative de réquisition d’un couteau de chasse qui plaisait bien au douanier). Les paysages sont soudain très verts et la montagne est partout où se pose notre regard. 95% du territoire est en effet recouvert de montagnes et 1/3 du pays se situe à plus de 3000 m d’altitude ! Notre premier bivouac nous laisse rêveur pour la suite…
Nous roulons jusqu’à Karakol, petite ville située à l’est du grand lac Issyk-Köl, au pied de la chaîne du Tian-Shan. Garnison militaire tsariste au XIXème siècle, ce bourg à l’architecture coloniale est en train de devenir un gros spot de départ pour les trekkers. Une ballade dans ses rues nous conduit jusqu’à une mosquée en bois conçue début XXème par un architecte chinois, des plus originales ! L’église orthodoxe est elle aussi plutôt charmante.
On se fait notre premier bouiboui local et on déguste la cuisine kirghize, mélange d’influences ouzbeks, ouïgours, russe… et toujours accompagnée de thé bien sûre !
Le lendemain, on se lève aux aurores (ça pique !) pour aller assister à l’immense marché aux bestiaux. On est impressionnés par les « essayages » de chevaux pour l’oulak-tartych (bozkachi afghan), un jeu équestre consistant à se disputer la dépouille d’une chèvre où tous les coups sont permis !
On enchaîne la journée avec une superbe rando nous menant, après 3h30 de marche, aux sources chaudes d’Altyn-Arashan. Hugo transporte notre paquetage d’au moins 30kg loué (7€) pour la nuit dans les hauteurs. Aux bains, on retrouve Noémie et Maud, 2 touristes françaises rencontrées la veille à Karakol.
Tous les 3 installés dans notre campement de fortune, on passe une longue et froide nuit…
…avant de rejoindre Maud à 5h15 pour entamer l’ascension du col Alaköl (3940m) et rejoindre le lac du même nom. La montée est superbe mais difficile. On traverse des rivières glaciales et sur la fin, le manque d’oxygène commence à se faire ressentir. Au moment de grimper les 500 derniers mètres, un pierrier impressionnant, le temps se gâte. Léon a froid et semble très mal. On est obligé de faire demi-tour. Grosse frustration ! Maud nous montrera les photos de ce que l’on a raté…
Nous poursuivons notre route et croisons un chasseur à l’aigle en pleine démonstration. On s’empresse d’aller à sa rencontre. Cette technique est ancestrale chez les nomades. Ils prennent les jeunes femelles dans les nids et les dressent à attraper les renards voire les loups pour les plus courageuses. Les chasseurs récupèrent la peau et leurs laissent la viande. Au bout de 20 ans, ils les relâchent pour qu’elles finissent leurs 10 dernières années de vie en liberté.
Nous arrivons à Jetti Oghuz, village niché au cœur d’une vallée bordée par ces « 7 cornes » rougeoyantes. Nous rencontrons Tilik et sa famille installés dans leur jailoo (pâturage d’été). Pour la première fois, nous sommes accueillis sous la yourte. On découvre pendant 24 heures la vie de ces « nomades d’aujourd’hui » : soin des animaux, traite des vaches et des juments, fabrication du kumiss (boisson traditionnelle des nomades faite à partir de lait de jument fermenté). Le goût est vraiment inhabituel…
On créée des liens rapidement et les enfants s’amusent beaucoup ensemble. On partage de beaux moments et le départ se fait non sans un pincement au cœur. Merci pour votre accueil !
Au bout de la vallée, on s’aventure dans les hauteurs et on découvre de verts pâturages occupés par nombre de campements de yourtes pour vacanciers. Ce tourisme communautaire commence à être très répandu au Kirghizistan. Nous grimpons jusqu’à une jolie cascade où Hugo ne résiste pas à une douche froide.
Nous suivons à présent la route qui longe le sud du lac Issyk-Köl et on engage un petit décroché par la vallée de Barskoon où nous attend une autre belle cascade et toujours une vue splendide sur les montagnes.
Tout proche du lac, le canyon de Skaska nous réserve une super balade. Les formations rocheuses aux couleurs éclatantes dessinent des contrastes extraordinaires.
Au « lac mort », on flotte sur une poche d’eau séparée du lac par une élévation de terrain et hyper concentrée en sel.
La route qui nous guide jusqu’au lac Song Köl est magnifique. Sur notre passage, un petit lac d’altitude aux eaux turquoise et des reliefs tortueux.
On entame l’ascension d’une piste jusqu’à un col à 3446 m d’altitude…
… avant de redescendre à 3000 m pour atteindre le lac Song Köl. Entouré de pentes verdoyantes et fleuries, ce joyau du Kirghizistan attire les nomades en été qui viennent y planter leur yourte et faire paître leur bétail. Malgré de nombreux campements pour touristes, il est facile de se trouver un coin tranquille pour s’installer et se tremper dans ses eaux fraiches.
On grimpe une pente abrupte pour prendre de la hauteur et admirer le panorama exceptionnel qui nous est offert.
On empreinte ensuite la piste qui longe la rive nord du lac et en découvrons une autre facette : du haut de petites falaises, les eaux limpides prennent des nuances de bleu extraordinaires. Une beauté à couper le souffle !
Après quelques heures de galère dans la pampa parfois marécageuse, on finit par atteindre la piste qui repart par le sud-ouest du lac. A nouveau, un défilé de paysages splendides…
La route « Kazarman » est une succession de vallées et de gorges, toujours encadrés par des extravagances géologiques. L’ascension (et surtout la descente) du col Koldama (sous la pluie de surcroît) et très impressionnante. La piste, taillée dans la falaise, longe des parois vertigineuses !
Retour sur le plancher des vaches dans la vallée de Ferghana. Osh, deuxième ville du pays, appartient à ces nombreux centres urbains encore très marqués par le soviétisme.
Dans la vallée de Gulcha qui conduit à la Chine et au Tadjikistan, on rencontre la famille de Nurik et Aidana qui nous invite généreusement à passer la soirée et la nuit dans leur maison. Nous sommes accueillis comme des membres de la famille. Un grand merci à vous pour ces magnifiques instants.
Le sinueux col Taldyk (3615 m) mène à une vallée aux eaux rougeoyantes qui longe le versant nord de la chaîne du Pamir. Juste extraordinaire !
Pour atteindre la frontière du Tadjikistan par Karamyk, nous suivons du regard ces sommets enneigés. Hugo lorgne envieusement sur le pic Lénine (7134 m), réputé pour être le plus facile des 7000 au monde.
Erreur de notre part, la frontière est fermée aux étrangers. On est obligé de faire demi-tour et d’entrer par le superbe col du Kyzyl-Art (4280 m). Cela chamboule tous nos plans mais les visas tadjiks en poche, on ne peut pas passer à côté de la découverte de ce qui s’annonce comme une expérience hors norme.
Après 12 jours dans les montagnes du Pamir Tadjik (article à venir), nous revoilà au pays des yourtes et des nomades. Après une sédentarisation forcée durant l’ère soviétique, les kirghizes sont très rapidement revenus au nomadisme après l’indépendance. Se déplacer à cheval (ici faire ses courses…), porter des tenues traditionnelles, vivre sous la yourte en été et consommer les produits de son élevage (kumiss, kourouts, viande…) sont très communs. C’est un vrai bonheur de sillonner les campagnes kirghizes et de pouvoir admirer ce mode de vie unique au monde.
Nous suivons à nouveau la vallée de Gulcha pour remonter au nord du pays.
C’est la saison des foins et tous les moyens sont bons pour transporter ses stocks pour l’hiver.
A Osh, on s’arrête cette fois au grand bazar coloré et animé où l’on peut faire une halte minute dans des échoppe et consommer la vodka au verre. Original !. On y fait nos stocks en vue de la Mongolie.
On bifurque ensuite vers la réserve naturelle d’Arslanbob, une immense forêt de noyers sauvages. On est moyennement convaincu par la randonnée de 7h qui fait le tour du village malgré tout de même 2 jolies cascades (très touristiques) et un passage verdoyant dans la forêt…
Nous suivons à nouveau la route principale qui mène à Bichkek. La vallée qui longe la rivière Naryn est superbe.
Nous nous arrêtons un moment pour patauger et pêcher dans le joli lac de Toktogul.
De nouveau sur la route, on voit défiler les villages et on s’amuse de toutes ces petites scènes de la vie quotidienne et du kitch des kirghizes en matière de goût pour les mariages…
Derniers cols avant de rejoindre la capitale. A plus de 3500 m d’altitude, les poids lourds sont en galère et tentent de soulager leurs moteurs en mode « décapotable » !
Bivouac près d’un petit lac artificiel juste avant Bichkek où le proprio nous offre une carpe de 4 kg ! Un grand merci à vous !
Notre maison roulante ayant besoin d’un peu de maintenance, on file au nord de la ville à l’immense bazar de gros de Dordoy : des allées gigantesques de containers empilés pour créer des échoppes qui proposent de tout en quantité faramineuse. Textile, pièces auto, quincaillerie, alimentaire, électroménager, ustensiles, jouets… On repart équipés.
Nous voici à la fin de notre aventure kirghize, dans l’obligation de retourner à Almaty pour nos demandes de visas russes. Nous avons découvert une terre magnifique tant par la variété de ses paysages de lacs et montagnes que par sa culture unique et son sens de l’accueil chaleureux. Ce pays est en pleine expansion touristique et pour cause ! Mais malgré notre présence en haute saison, nous avons trouvé que le mode de tourisme communautaire adopté ici ne dévalorise pour l’instant pas trop l’environnement. Les vacanciers sont pour la plupart des randonneurs amoureux de la nature qui la respecte. Alors dépêchez-vous de vous y rendre avant que ça change !!!
Pour terminer, une petite sélection des plus belles yourtes :
Jakshy kalyngyz
Super article, ravie de vous avoir rencontrés ! Hâte de lire la suite de vos aventures ! Des bisous.
Je confirme, pour avoir connu le Kirghizistan quelques mois avant mes amis, je vous le recommande fortement. Le dépaysement est garanti, les paysages magnifiques et les kirghizes sympathiques et accueillants. Super avanture pas trop chère!
Merci encore une fois pour le partage de votre expérience EXTRAORDINAIRE !
Bonne continuation, à bientôt !
Merci pour votre soutien régulier, ça nous touche beaucoup !
des bises de la famille globetrotter
A bientot
Bravo pour ce compte-rendu, il est vrai que ces paysages magnifique donnent envie d’aller visiter ce pays, qui semble encore protégé des excès du tourisme de masse.
Bonne route
Salut Christian!
Merci pour ton message. Heureux de donner envie d’aller voir ces pays « emergents » du tourisme encore méconnus mais qui offrent une bonne dose d’authenticité.
On espère que vous allez bien.
Grosse bise de notre part à tous les 3. A très bientôt.
Merci à vous de ces jolies photos et commentaires. Quelle belle découverte. Continuez à profiter.
Merci Sophie !
Toujous ravis de pouvoir faire partager notre bonheur de découvrir ces merveilles dissimulées dans les recoins du monde.
Où en êtes vous de votre periple ?
A bientôt !
Que de belles photos! Elles me rappellent notre séjour en terre Kirghize en 2015 avec nos 2 enfants!
Profitez de ces belles contrées!
N’avez-vous pas eu des difficultés pour la langue?
Bonne route à vous,
une curieuse de passage
Le kirkizistan est vraiment un pays agréable a visiter sans trop faire de route, le top pour embarquer des enfants 😉
Depuis plusieurs mois nous sommes dans des pays d’ex URSS et le Russe est encore très courant même chez les plus jeune donc nous nous y somme mis au fur et a mesure, donc pas trop de barrière de la langue
Votre expérience était différente ?
Bonjour,
Merci pour le partage de votre super voyage ! Nous souhaiterions aussi partir au Kirghizistan avec notre bébé et je me demandais quel âge avait votre enfant au moment du voyage ? Comment avez vous fait pour la nourriture pour lui ? Et comment avez vous gérez l’acclimatation de l’altitude pour lui ?
Je vous remercie pour votre aide et votre partage !
Bonjour
Désolé pour le délais de réponse, votre commentaire était passé dans les spams.
Il avait 10 mois lors du grand départ, pour l’alimentation nous sous sommes adaptés à chaque pays, on arrivait toujours à trouver fruits légumes et des plus difficilement des laitages (vrai beurre, fromage, yaourt, lait entier)même si on y arrivait toujours
Il a pris le sein jusqu’à 1 an environ.
Pour ce qui est de l’altitude il faut vraiment prendre son temps, c’est ça la recette zéro problème. On s’est énormément renseigné avant de monter haut en altitude, avant 1500-2000 pas besoin de palier ou de montée progressive, ensuite il est vivement conseillé de de pas dépasser 500m/jour-nuit même si c’est possible de passer un col de +1500 rapidement dans la journée et de revenir à la même altitude.
J’espère avoir répondu a vos principales questions, n’hésitez pas
Bonne préparation de voyage a vous