Salam !
Le 27 juillet (après une petite déconvenue de frontière – cf article Kirghizistan) – nous franchissons le poste kirghize et roulons 20km dans le no man’s land désertique qui mène jusqu’au col du Kyzyl Art (4280m) et à la frontière Tadjik. Plein d’émotions, nous traversons la chaîne du Pamir et tous ses sommets enneigés.
Passées les douanes et toutes leurs taxes (vétérinaire, écologique, voierie et on en passe…) qui nous coutent quand même environ 40 euros, nous redescendons à 4000 mètres d’altitude et atteignons le lac Karakol, une étendue d’eau bleu émeraude pure et lisse où se reflètent toutes les crêtes blanches dont le pic Lénine (7134m). Nous voici face à l’une des plus belles choses que l’on ait eu la chance de voir.
Conseil : profitez de ce panorama à loisir mais ne vous approchez pas trop des rives ! Contre toute attente, des nuées de moustiques vous poursuivront comme des abeilles attirées par le miel. Tenue de combat exigée !
La route, aussi mauvaise soit elle, se poursuit à travers un paysage extraordinaire, à la fois lunaire, décharné et austère mais aussi éclatant de couleur, changeant à chaque virage et au gré des heures de la journée. Les reliefs sont entourés de lacs et de rivières.
Nous atteignons le col d’Akbaytal qui nous propulse à 4655m d’altitude. Le bivouac qui suit, un peu plus bas, nous laissera, à Hugo et moi, le souvenir d’un sacré mal des montagnes !
Conseil : Une altitude supérieure à 2000m est déconseillée pour les enfants en bas âge. Cependant, nous sommes tous inégaux devant la tolérance à l’altitude. Le plus important est de surveiller l’état de votre enfant. Si vous voyez apparaitre des signes de somnolence, des changements de comportement brutaux, une difficulté à respirer, un vomissement… La première chose à faire est de redescendre. Si les symptômes persistent, allez voir un médecin ! Léon, du haut de ses 2 ans et des miettes, a passé l’épreuve comme un chef !
Ici, même la végétation peine à survivre. Les pentes sont pelées. Les quelques plantes qui parviennent à lutter contre le froid et l’altitude rasent le sol.
Une bifurcation vers la frontière chinoise nous conduit vers les lacs Rang Kul, des miroirs naturels saisissants !
A Murgab, première ville que l’on croise, nous réalisons avec désarroi qu’il n’y a pas de DAB. On parvient à remettre du carburant grâce à du change opéré dans un hôtel à un taux de loubard… On rempli aussi notre tank à eau grâce au puits qui alimente tous les habitants (l’eau courante est quasi inexistante dans toute la région du Pamir), aidés par tous les gosses du quartier !
Léon sympathise avec des cyclistes…
Nous suivons à présent la superbe vallée de la rivière Murgab, surlignée par des formations rocheuses fantasmagoriques. Nous grimpons une piste instable et effrayante pour atteindre les sources chaudes de Jyluu Suu. En lieu et place d’un bain (l’eau bouillante ne permet pas d’y glisser un orteil), on s’offre une séance d’urbex « aquatique ».
Retour à Murgab et passage du premier poste de garde. La région du Pamir s’appelle en réalité GBAO. Elle nécessite une autorisation spéciale pour la traverser qu’il faut demander en même temps que les visas. Vous devrez vous acquitter de 20 euros en plus des 50 du visa. Attention ! Malgré un visa de 45 jours, si vous entrez avec un véhicule, les autorités ne laissent que 15 jours dans le pays pour le véhicule. Mais tout est négociable 😉 La région est particulièrement surveillée et vous devrez passer plusieurs check-point où vous présenterez tous vos papiers. Mais toutes ces formalités sont largement compensées par la découverte d’un territoire extraordinaire.
Près de Bash Gumbez, on croise « l’Ayers Rock » Tadjik. Approchez vous, faites en le tour et regardez bien dans les cavités rocheuses. Vous aurez peut-être la chance de rencontrer le gardien de ces lieux…
Au bord de la route, on aperçoit un petit lac sacré dont la source souterraine offre à des milliers de poissons une eau turquoise des plus pures.
Juste après le croisement qui par vers Ljangar, on bifurque vers le village de Bulunkul et son petit lac du même nom. Dans ce hameau de quelques maisons de terres crues isolé dans les montagnes, on fait la connaissance de Madina, une jeune fille de 20 ans étudiante en langues étrangères, qui nous invite à passer un moment avec sa famille. Nous mettons un premier pied dans la culture chaleureuse et colorée Pamiri.
Nous suivons la piste qui contourne le lac Bulunkul par l’est et rejoignons ainsi le grand lac Yasil Kul.
Bon Plan : par ce biais, vous accédez au lac sans entrer dans le parc national du Pamir qui nécessite le paiement d’une taxe.
Nous ne parvenons pas à trouver les sources chaudes que nous cherchions mais l’on s’installe dans un des plus beaux bivouacs qui soit.
A notre retour au village, une surprise nous attend : les habitants attendent la venue d’officiels et à cette occasion, ils ont revêtus leurs costumes de fête. L’ambassadrice des Etats-Unis, le président de la fondation Aga Khan ainsi que le gouverneur de la région viennent inaugurer une yourte touristique financée par l’association USAID et sont honorés d’un accueil festif. Madina, nous explique que cette rencontre est importante pour eux car leur village pauvre et très peu équipé, a besoin de soutien pour se développer. A la demande des villageois, nous participons à la rencontre et Elo est même conviée à faire un petit discours. Que d’émotions !
Nous quittons cette famille adorable pour poursuivre notre route. Merci du fond du cœur pour ces beaux moments et bonne chance pour l’avenir !
Un léger demi-tour et on s’engage dans le couloir de Wakhan. A flanc de falaise, nous longeons la rivière Panj qui sépare le Tadjikistan de l’Afghanistan. En réalité, cette frontière établie arbitrairement par les russes et les anglais au moment du « Grand Jeu », divise deux régions pamiri similaires dans leur population, leur langue, leur religion et leur culture… De là, nous pouvons saluer les afghans qui de leur côté, vivent une situation toute autre. Il y a à peine un an, des villages en face d’Ishkashim ont été attaqués par les Talibans. Le Tadjikistan a dû ouvrir ses frontières pour accueillir les blessés et les prendre en charge car les infrastructures sont totalement inexistantes côté afghan.
Les villages, localisés dans des oasis de verdure au milieu de ce désert, sont superbes avec leurs maisons basses en terre crue recouvertes de chaux. L’architecture intérieure est unique au monde. Le toit est constitué de poutres justes superposées aboutissant à un puits de lumière.
En route, nous croisons des sanctuaires surmontés de crânes de Marco Polo, une espèce protégée de chèvres sauvages de haute altitude.
Les Pamiri, musulmans chiites dans un pays à majorité sunnite, suivent une branche particulière de l’Islam, celle des Ismaéliens. Leur guide spirituel, l’Aga Khan est aussi à l’origine d’une fondation caritative qui « investit » dans toutes les régions à prédominance ismaélienne et principalement dans l’éducation. On est d’ailleurs frappé par l’éveil incroyable des enfants d’ici qui malgré leur isolement géographique ont un niveau d’anglais surprenant et des ambitions professionnelles remarquables (architectes, dentistes, médecins, journalistes…). La religion reste tout de même mêlée de traditions chamanistes ancestrales.
En chemin vers la forteresse de Yamchun qui domine la vallée poussiéreuse, on attrape Nicholas et Yunas, deux auto-stoppeurs allemands et on passe une soirée en mode Erasmus 😀
A Darshai, on s’engage sur la randonnée qui longe une gorge étroite. Le sentier à flanc de falaise est très impressionnant. Certaines portions ont été créées de toute pièce avec des bouts de bois et de fil métallique. Une erreur ne pardonne pas !
Après un passage aux bains d’Avj (comme il y en a tout le long de la vallée), nous montons à la mine de rubis de Koh-Y-Lal. Comme certains locaux, on se met en quête d’un caillou qui pourrait faire notre fortune…
Nouveau moment de détente dans la piscine naturelle très chaude de Garm-Chashma.
Conseils : -La piste qui traverse ce corridor est mauvaise et peut-être très dangereuse. Il n’est pas rare d’assister à des accidents. Roulez donc précautionneusement.
-Il est impossible de trouver des poubelles dans toutes la région (et même si vous en trouvez une, voilà comment finiront au mieux vos ordures…). Pour la première fois, nous avons dû nous résoudre à brûler les nôtres.
-Le seul endroit où il est possible de retirer de l’argent dans le Pamir est à Khorog, et encore, certains voyageurs n’y sont pas parvenus. Prévoyez du cash !
-Il est très difficile de trouver de l’eau en bouteille. Munissez-vous de stock ou remplissez vos bouteilles aux puits des villages. Nous n’avons pas eu de problème en la consommant.
A Khorog, on est invités à prendre le thé sous la fraîcheur de la tapchan de Liuda, professeur d’anglais. Un grand merci à toi et à ta famille pour vos sourires et cet agréable moment.
Au bazar, on retrouve par hasard et avec bonheur, Alain, Michelle et Pauline Cura, leur fille, une famille de Romanais bourlingueurs rencontrés quelques semaines plus tôt à l’aéroport de Moscou. On passe la soirée autour de quelques verres à raconter, refaire le monde et surtout à rire. Alain, épicurien du savoir, nous régale de ses connaissances et anecdotes (alaincura.wordpress.com). Léon et Pauline deviennent vite inséparables 😉
Après quelques parties de foot et de volley, Hugo se met tous les enfants du village dans la poche. On tombe tous sous le charme de ces gamins et on est gratifié d’un petit déjeuner amené devant notre campement par les villageois !
Dans la matinée, le petit Shaydo tient à nous inviter dans sa famille et nous découvrons ensemble leur magnifique maison Pamiri. Une fois de plus, nous sommes merveilleusement bien accueillis et gâtés par cette joyeuse maisonnée. Le repas se termine de façon inattendue en musique et en dance ! Les garçons nous font le show ! Génial. Nous quittons très émus ce petit gars à l’esprit vif. Merci à tous d’avoir partagé votre joie de vivre !
Engagés sur la vallée « retour » du Shardakha, on traverse une fois de plus des paysages somptueux alternant canyons austères et pâturages bucoliques.
On rencontre Marco et Din, des suisses en voyage pour un an et demi avec un land cruiser et toit relevable. On décide de convoyer quelques jours ensemble.
Au fond de la vallée, on s’arrête dans une plaine marécageuse dans laquelle se dissimulent des bassins d’eaux chaudes blottis dans un cadre féérique.
Trouver des bivouacs est un jeu d’enfant dans ces grands espaces peu occupés (ici vue sur les pics Marx et Engel)…
…mais trouver de l’aide quand on tombe en panne, en revanche, c’est une autre affaire… (On vient en aide à une voiture arrêtée au bord de la route).
La route qui rejoint la M41 (plus connue sous l’appellation de Pamir Highway même s’il elle n’a rien d’une autoroute) devient vraiment chaotique. Elle nous conduit cependant à un très joli petit lac…
… qui précède le grand lac Turtumtajkul. L’endroit est un paradis pour les marmottes curieuses. C’est là que l’on quitte Din et Marco pour rejoindre la M41 et retourner vers la frontière. Merci à vous pour ce joli bout de route partagé.
Bien que déjà sillonnés, on prend un réel plaisir à redécouvrir les paysages qui borde la route jusqu’à Murgab. Le point de vue est différent, la lumière aussi. En réalité, je crois que l’on peut difficilement se lasser de cette grandeur…
Cette fois, on fait une halte à Murgab où les maisons de terre crue un peu délabrées et le bazar installé dans des containers donnent une certaine beauté au lieu
On enchaîne les cols arides de cette vallée de la mort, cauchemar des chauffeurs poids lourds…
…pour arriver sur la rive sud du lac Karakol où le temps orageux se prête à la séance photo.
Dans le village, on a la chance d’observer la fabrication traditionnelle d’un kilim (tapis) sur un métier à tissé fait maison.
Une nouvelle fois, les Cura nous retrouvent au milieu de nulle part pour une dernière folle soirée (avant la prochaine…). Léon se fait un plaisir d’aller réveiller Pauline sous la tente ! Je crois que vous savez combien nous avons été enchantés de vous rencontrer. Mais pour nous ce ne sont pas des adieux mais un simple au revoir. En attendant, restez aussi joyeux, drôles, curieux et ouverts. Ca semble être une bonne recette pour le bonheur 😉
Dernière image des sommets du Pamir qui pointent derrière la frontière chinoise que nous longeons pour quitter le pays, à contrecœur. C’est une vraie déclaration d’amour que nous faisons à cette région qui nous a offert tant et plus que ce que nous pouvions imaginer. Les paysages sont à couper le souffle (littéralement), imposent le respect et vous font prendre conscience de la force et de la sérénité de la nature. La culture de ce peuple, si hospitalier malgré son isolement, est riche, joyeuse et colorée. Le tourisme ici n’en est qu’à ses balbutiements (tant mieux pour nous) mais tend à se développer (tant mieux pour eux). Le Pamir vous plonge dans un univers authentique où rien n’est écrit d’avance… N’hésitez plus : foncez !!!
Khayr !
Tout simplement magnifique et magique !!!! Restez prudents quand même….❤❤ pleins de gros bisous à vous trois
Merci beaucoup Christine !
Toujours heureux de savoir que vous continuez à nous lire et merci encore et encore pour votre soutien dans cette magnifique aventure.
En plus, on a même reussi à vous pousser à vous relancer dans le road trip (un peu plus luxe mais quand même…) et ça c’est cool.
Gros bisous de tous les 3 dans l’attente de vous voir rapidement !
Superbes Photos de sites fabuleux et très bons récits avec des rencontres chaleureuses et vraies . L’aventure est au bout du chemin mais encore faut-il partir ! Vous l’avez fait et c’est le signe d’une volonté exceptionnelle . Bravo !!!
je vous souhaite de rester aussi longtemps que possible dans ce monde dur mais authentique .
Merci de nous faire participer à ce voyage .
Bises
Gilbert
Salut Gilbert !
Merci beaucoup pour ce très joli message.
On s’ efforce de puiser tous les jours le meilleur de ce que nous offre ce voyage. Ce n’est pas tous les jours facile mais quelles qu’en soient lesdifficultés, l’aventure en vaut vraiment la peine.
Nous esperons que tout le monde va bien du côté de chez vous.
Bise de tous les 3.
Salut Hugo et à ta petite famille, super périple vous devez vous éclater !
Faute de t’eclater avec Phiphi ! Souvenir du boulot !
Pour ton petit Léon cela est super et très formateur , avec ce qu’il vit au moins lui ne vautera jamais FN c’est une belle ouverture sur les autres !
Je vous souhaites le meilleur pour la suite de votre voyage soyez prudent et bonne route
Amicalement Didier
Salut Didier !
Merci beaucoup pour ton message ! Ca fait plaisir de savoir que tu jettes un oeil à notre périple. Effectivement on a la chance de s’ eclater et de profiter à fond de notre vie de famille avec notre petit bonhome.
Je vois de temps en temps sur facebook que tu profites aussi de la retraite pour randonner dans tes montagnes.
J’espère que tout va bien pour toi.
La bise ! A bientôt!
Je me régale à découvrir votre périple c’est vraiment d’une beauté à couper le souffle. Les rencontres que vous faites, les découvertes de nouveaux paysages, les incidents de parcours, qui heureusement ne vous empêchent pas d’avancer, on ne peut qu’être admiratifs devant votre détermination. Votre petit va garder en mémoire tous ces magnifiques paysages et ces liens tissés avec les habitants des pays traversés, quel bel apprentissage pour lui. On vous embrasse moi et yves trés fort et faites nous encore rêver
Salut à tous les 2 !
Un grand merci pour votre message qui nous touche beaucoup.Nous sommes toujours heureux de savoir que l’entourage suit nos aventures.
Nous esperons que tout va bien pour vous. On suit aussi à distance vos escapades avec les Rostaing. C’est chouette !
De gros bisous de Mongolie. Prenez soin de vous.
Génial ! Nous revenons tout juste de notre année sur la Panaméricaine et ça donne vraiment envi de parti de ce coter la maintenant ! Pour dès info sur la panam allez sur notre page FB « La casa roulante »
Bon voyage
Salut Arnaud !
Merci pour le commentaire. Y a effectivement des choses vraiment sympas à voir de ce côté là du monde. Nous, on est impatients d’arriver en Amerique du Sud. On ne manquera donc pas d’aller voir votre page !
Bon retour. A plus…