Mexique – Nord

Holà amigos !!!

Nous entrons le 15 octobre au Mexique par la frontière de Santa Teresa, située à une vingtaine de kilomètres de la tristement célèbre Ciudad Juarez. Nous devons nous rendre en périphérie de la ville pour amener le pick-up chez Isuzu.

Le lendemain après avoir traversé des faubourgs délabrés et miteux, on part à la recherche d’une assurance (après un échec auprès de celle de la frontière qui s’avère être une arnaque…). Nous entrons dans les cuisines de Malu qui nous fait découvrir ses bons petits plats et son incroyable gentillesse. Nous rencontrons aussi son mari (avec les cheveux blancs sur la photo), grand bavard, qui nous fait sauter dans le grand bain de l’espagnol ! On tombe sous le charme de ce couple d’anciens hippies. Nous embrassons très fort Malu et nous avons une pensée toute particulière pour son mari qui nous a quittés depuis…

Depuis notre arrivée dans la ville, nous sommes partout dévisagés comme nous ne l’avons jamais été. Un homme nous aborde même dans un centre commercial pour nous rappeler que nous sommes à Juarez et que c’est dangereux pour les enfants. Mais lorsque, au gré des conversations, on demande aux locaux comment s’est de vivre à Juarez, on nous répond que c’est « tranquilo ! ». Curieux… On mène donc notre petite enquête pour savoir si cette ville mérite sa réputation ou si nous, simples occidentaux, en faisons un peu trop à son sujet. Il s’avère que dans cette seule ville d’ 1,3 millions d’habitant, 2083 homicides liés au crime organisé ont été enregistrés en 2012 (contre 655 pour la France entière !), ce qui fait une moyenne de 6 meurtres par jour, et plus de 3000 en 2016…

Environ 40 milliards de dollars de drogue y transitent chaque année vers le Texas. Pourtant, depuis 2007, 11000 policiers et militaires sont mobilisés pour veiller sur la ville. Mais d’après des estimations, plus de 60% des officiels seraient corrompus, laissant carte blanche au trafic des cartels. L’arrivée au pouvoir du président Calderon en 2006, ayant fait de la lutte anti-drogue son fer de lance, a mis le feu au poudre et depuis, le nombre de cartels s’est démultiplié, leur activité diversifiée laissant place à du trafic d’êtres humains, des extorsions, des rackets, des enlèvements et des centaines de disparitions de femmes violées, assassinées dont un millier jamais retrouvées… 6000 commerces ont fermé en quelques années. Ceux qui ont pu ont fui vers les Etats-Unis. Une étude de 2016 classe la guerre des cartels mexicains comme la deuxième la plus meurtrière au monde après la guerre en Syrie mais avant l’Irak et l’Afghanistan ! C’est pire que ce qu’on imaginait…

Nous quittons dès que possible la ville, et nous rendons rapidement à Chihuahua, capitale de l’Etat du même nom. La ville nous donne un premier aperçu d’un joli centre colonial mexicain avec une belle église, un marché animé et quelques jolis bâtiments administratifs.

Nous bifurquons ensuite vers l’ouest pour nous rendre dans la Sierra Madre occidentale et son fameux canyon du cuivre. Nous traversons les plaines vallonnées des « vaqueros », les cowboys mexicains. La région vit en effet essentiellement de sa production laitière. D’autres fermiers, un peu particuliers, vivent aussi autour de Cuauhtémoc : ce sont les mennonites, membres d’une secte ethnico-religieuse, pacifiste originaires d’Allemagne ayant fui leur pays après la première guerre mondiale pour s’exiler dans un pays sans contrainte militaire.

Après de très nombreux virages, nous parvenons enfin à l’impressionnante cascade de Basaseachi, qui se jette de 246 mètres. Après un aller-retour sportif jusqu’au pied de la cascade, on s’offre un beau coucher de soleil du haut du mirador qui fait aussi office de super bivouac !

Nous descendons vers le sud pour atteindre Creel et entrer dans la vallée des Tarahumaras.

Ce peuple qui a fui la progression des conquistadors au XVIème siècle est venu se réfugier dans ces canyons isolés de tout. Eleveurs et agriculteurs, ils ont longtemps vécus en autarcie. Leurs villages ne communiquant alors uniquement par des sentiers vertigineux, ils sont connus pour leurs incroyables qualités de coureurs de fond. Aujourd’hui, ils ont été « rattrapés » par la modernité apportant avec elle hispanisation, éducation et soins médicaux mais aussi drogue et malbouffe… Malgré tout, ils restent timides et peu faciles à aborder.

Nous poursuivons notre longue descente le long des canyons, sur des routes tortueuses et parfois franchement pourries. Les paysages sont beaux mais malheureusement le temps un peu maussade.

Nous rejoignons enfin les axes principaux et atteignons la ville de Torréon. Nous faisons rapidement la connaissance d’Adrian, un restaurateur qui vient nous aborder, curieux de voir notre véhicule stationner dans sa ville (pas touristique et même plutôt déconseillée…). Il nous fait découvrir ses bars et restaurants et nous présente ses adorables parents Adrian et Lula ainsi que sa sœur Luce-Maria et toute la famille de son frère Jose-Antonio. On partage une super soirée ensemble autour d’un repas français concocté par nos soins. Un immense merci à tous pour votre aide, votre accueil, votre gentillesse et votre authenticité !

Nous poursuivons toujours plus au Sud vers l’Etat de Zacatecas où nous découvrons ses paysages typiques alternant bétail qui broute et champs de nopals (ou figuiers de barbarie) dont les fruits sont comestibles mais aussi ses jeunes « raquettes » consommées comme un légume (délicieux).

Nous voici à Zacatecas, capitale éponyme de l’Etat. Nous partons pour une ballade nocturne à la découverte de ses rues pavées et de ses belles bâtisses éclairées…

…et nous débarquons en clôture du festival international de théâtre de rue. On admire nos premières danses rituelles précolombiennes dans des tenues extraordinairement riches d’ornements et de couleurs. On écoute aussi nos premiers mariachis. On a même droit à un superbe feu d’artifice.

Le lendemain, on se rend dans l’ancien couvent franciscain qui abrite une magnifique collection de masques en tout genre.

Les masques font parti de très nombreuses traditions mexicaines au départ rituelles (mort, mariage, guérison, religion…) et aujourd’hui de divertissement (carnavals). Lorsque les missionnaires sont arrivés au Mexique, ils se sont servis de cette coutume dans leur tâche d’évangélisation. Ils créèrent des pièces mettant en scène les indigènes (à la peau foncée), les colons et les religieux (aux yeux bleus), le christ, les saints, le diable…

C’est dimanche, l’occasion de se réunir en famille autour d’énormes repas, en prétextant souvent la célébration d’un des innombrables saints patrons. Certains pratiquent des danses rituelles mêlant traditions chamaniques et religion chrétienne, autour du son d’un simple tambour.

Nous quittons Zacatecas pour nous diriger vers l’Etat de Jalisco. En chemin, on fait un arrêt au site archéologique de La Quemada où nous découvrons nos premières petites pyramides. Malheureusement, une erreur de manipulation efface toutes nos photos. Il ne nous reste donc que ce cliché de la salle des colonnes dominée par le site perché sur la colline…

Lors d’un joli bivouac au bord d’un étang attirant un grand nombre d’échassiers et autres oiseaux en tout genre, on découvre de beaux spécimens hauts en couleur.

Nous voici dans l’Etat de Jalisco, réputé pour être le cœur de l’identité mexicaine puisqu’à l’origine des sombreros, des Mariachis et de la Tequila ! Notre route longe les champs d’agave bleu ou  maguey  dont est extrait le fameux breuvage.

A Guadalajara, capitale de l’Etat et deuxième plus grande ville du Mexique, on peut admirer ici aussi un bel héritage colonial bien que les bâtisses soient plus massives et austères.

L’institut culturel Cabañas, de style    , était à l’origine un orphelinat. Le cœur de l’édifice a été décoré par l’artiste muraliste…. Il abrite aujourd’hui un beau musée d’art moderne.

Nous sommes le 1er novembre et les festivités d’El dia de los muertos se préparent. Des autels en hommage aux défunts sont installés dans toutes les maisons, commerces et bâtiments publics. Des œuvres d’art éphémères utilisant des fleurs séchées, du sable et des légumineuses sont réalisées. Des petits squelettes (appelés des « Caterina ») et des têtes de morts (ou calvaires) sont disposés un peu partout.

Le soir, on assiste à une procession destinée à rendre hommage aux morts et à guider les âmes errantes…

…suivie d’une représentation dans le hall de la mairie recréant les rituels liés à la mort pratiqués par les indigènes dans les temps préhispaniques.

Le 2 novembre, la fête continue. On s’éclate à se farder nous aussi en « Caterina » avant d’aller rejoindre la fête qui bat son plein dans les rues du charmant quartier de Tlaquepaque.

Les rues et les façades sont entièrement décorées. Des autels prennent place un peu partout dans la ville.

Les mexicains foisonnent d’inventivité pour la création de leurs costumes et maquillages. Juste magique !

Puis les festivités commencent : danses précolombiennes aux costumes incroyables…

…concours de « Caterina » en robe de mariée…

…et pour finir danses traditionnelles des différents états du Mexique. Toutes plus rythmées, joviales et hautes en couleur les unes que les autres !

Le lendemain, on se ballade dans les rues un peu plus calme du quartier. On découvre une folle exposition d’un artiste local qui a créé tout un univers fantastique de petits personnages conçus en partie grâce à des os, des plumes, des ailes et des carcasses d’insectes et d’oiseaux

L’office du tourisme, elle, expose des calvaires en céramiques designés par différents artistes mexicains. Superbes !

Nous quittons l’Etat de Jalisco pour entrer dans le Michoacán. Nous découvrons le joli village de Patzcuaro, ses ruelles en pente pavées, ses façades typiques et ses places à arcades. L’ancien    est ravissant.

Puis nous montons au sommet de la colline qui domine la ville pour admirer le panorama sur les volcans et le lac qui bordent les environs.

Nous poursuivons notre route à travers les montagnes du Michoacán, pénétrant des villages semblant d’un autre temps où les regards ne paraissent pas toujours bien accueillants (cette région n’est pas très conseillée…°). Puis nous arrivons dans la charmante Morelia, capitale de l’Etat. Ici aussi la colonisation a laissé de beaux restes. Nous arpentons les rues pavées aux belles façades et profitons des musées où l’on découvre encore de belles expositions contemporaines.

La saison des moussons tend à durer… On trouve donc des stratagèmes pour s’occuper lors des après-midi pluvieuses pour le plus grand bonheur de notre petit Lord !

En route vers Guanajuato, on fait un arrêt au bord de la lagune de Yuriria où se trouve le superbe ex-couvent de San Agustin. L’exposition qui se trouve à l’intérieur nous en apprend beaucoup sur le travail d’évangélisation des populations indiennes par les différents missionnaires catholiques. Celui-ci passait par la beauté des constructions pour attirer les locaux mais aussi par leur éducation et la transmission des savoirs faires agricoles avec l’importation et l’acclimatation d’espèces européennes.

L’Etat est en proie à une recrudescence de la délinquance dus à une période électorale entrainant des disputes territoriales entre les cartels (ou mafias). Lorsque l’on demande à une commerçante si l’on peut se stationner en face de son échoppe pour la nuit, elle nous répond franchement que la ville est dangereuse ces temps ci et nous conseille d’aller trouver la police. On se retrouve donc à camper au bord du lac, à 50 mètres du mobil home de la police locale…

Nous arrivons à Guanajuato, petite ville bâtie au fond d’une vallée verdoyante. On se régale à arpenter son labyrinthe de ruelles pavées et pentues serpentant entre des maisons basses de toutes les couleurs. Les chiens perchés sur les toits des maisons défendent leur territoire.

On flâne sur ses nombreuses places superbement aménagées dégageant un charme très authentique.

L’attraction de Guanajuato, c’est son musée des momies ! Au début du XXème siècle, afin de libérer de la place au cimetière, des cryptes ont été ouvertes. Les fossoyeurs ont alors eu la surprise de découvrir des corps momifiés grâce à des conditions particulières d’humidité, de température et géologiques. Le musée expose tous ces corps dont certains possèdent même encore leurs vêtements. La visite est très impressionnante. Ames sensibles s’abstenir…

En route vers San Miguel de Allende, on assiste à une procession en l’honneur du saint patron des cavaliers. Des centaines de mexicains effectuent un long pèlerinage sur le dos de leur monture.

Nous voici dans la belle San Miguel de Allende. Ses rues revêtent une fois de plus un charme certain. Mais envahis par les gringos (américains) qui ont élu domicile ici, elle a perdu un peu de son authenticité et est presque un peu trop propre. De nombreuses boutiques d’art déco proposent de belles choses mais à des prix exorbitants.

Dernière étape avant notre arrivée à Mexico City, Queretaro ! Une autre jolie ville coloniale aux belles bâtisses tapissées de Bougainvilliers.

Nous retrouvons là bas Yvan et , un couple américano-canadien qui avait pris contact avec nous par le biais des réseaux sociaux de voyageurs. Entrés en même temps au Mexique, nous sommes restés en contact pour se retrouver sur la route. Posés à Queretaro pour 2 mois le temps de réaliser du télétravail et avant de partir à l’aventure, on se retrouve pour 2 belles soirées. On a même la chance d’assister à un superbe spectacle de danse traditionnelle offert par la ville.

Ainsi s’achève la première partie de notre aventure mexicaine. Mais on ne peut vous laisser sans partager avec vous le plaisir que nous avons pris à découvrir ici toutes les nouvelles variétés de plantes…

…ainsi qu’une faune exotique.

On s’est aussi éclaté à admirer l’art de rue qui caractérise toutes les villes mexicaines. Voici un petit panel de nos préférés…

En attendant la suite et en route vers Mexico pour attraper notre ami Adrien à l’aéroport, on vous souhaite une bonne journée et on vous dit « Hasta Luego »  !!!

8 réflexions sur “Mexique – Nord”

  1. Le Mexique semble être un peu Espagnol, un peu indien et un peu à part !!!! Donc, Attention à vous ….
    Merci pour cette visite … Ici, première nuit froide à moins 2 ° ….Nous avons vu Papy et Mamy, Hier, ils vont bien et nous ferons Noel avec eux le 21 décembre .
    Bises
    Gilbert

    • C’est un peut dépaysant en effet et à la fois proche de la culture espagnol tu as raison.
      Faites des gros bisous au grand parents de notre part à tout les 3 (on a pu les skyper il y a 5 jours,c’était court mais ca nous as fait plaisir)

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