Mongolie – partie 2

Saanbanu !!!

L’aventure en Mongolie continue par une incursion rapide à la capitale surpeuplée d’Oulan Bator. (UB pour les intimes…).La ville a connu un afflux massif de nomades ruinés par la perte de leur bétail suite à de terribles hivers depuis 2000. Conséquences : un hyper centre moderne contrastant avec des faubourgs de yourtes très pauvres et sous développés à des km à la ronde. En hiver, le système de chauffage central au charbon et les usines installées en plein centre étouffe la capitale la plus froide du monde dans un brouillard noir et en font aussi la capitale la plus polluée !

L’exode des nomades vers les villes, la pauvreté et les taux importants de chômages ont pour conséquence de graves problèmes d’alcoolisme. Il n’est pas rare de croiser des locaux qui vous arrêtent pour vous demander à boire, ou cuvant leur vodka en plein milieux du village. On a même vu un jeune complètement ivre tomber à plusieurs reprises de sa moto.

Nous nous rendons à l’ambassade russe pour demander notre visa « touriste » en vue de la traversée de la Sibérie.(Cf.Mongolie – partie 1, visa transit Russe) + lettre d’invitation ou « voucher » à obtenir auprès d’agences spécialisées. Vous devez pour cela informer l’agence de votre « itinéraire » théorique ainsi que des hôtels où vous séjournerez. Le consulat russe peut vérifier la véracité des réservations. Si, comme nous, vous ne comptez pas dormir à l’hôtel, faites des réservations sur le site booking (sans avance de frais) et annulez les après l’obtention du visa.

On en profite pour retrouver Mickaël et Léa, un couple en voyage via le transsibérien rencontré quelques jours plus tôt à Yoliin Am. Ensemble on test un des nombreux restos du centre d’UB et on s’amuse à observer les attitudes toujours très « natures » des mongols. Avant de filer vers Pékin, ils nous laissent l’excellent «Mongolie, Les plus beaux itinéraires en 4×4, moto et camping-car » de C. Miramont et L Bendel, une bible pour les baroudeurs en Mongolie !

On se fait aussi un barbecue mongol avec Albane, Manu et leurs 3 filles déjà rencontrés au Kazakhstan. Le monde des voyageurs est vraiment petit…

Nous voilà repartis bourlinguer sur les pistes en direction de l’ouest. Premier arrêt aux dunes d’Elsen Tasarkhai pour un joli lever de soleil.

En route pour la vallée de l’Orkhon, on croise notre premier temple bouddhiste. En tant que non initiés, on tombe sous le charme de ce Shankh Khiid. L’architecture, la symbolique et la quiétude des lieux nous séduisent…

Nous nous engageons ensuite sur ce qui restera pour nous l’une des pires pistes de Mongolie (mais néanmoins superbe). Les cours d’eau de la vallée de l’Orkhon coulent sur d’anciennes coulées de lave et il est impossible d’éviter les zones de roches basaltiques acérées qui pointent sur la route. On se demande encore comment nos pneus usés ont résisté…

Nos « efforts » sont récompensés lorsque l’on arrive devant une magnifique cascade qui se pare d’un arc en ciel au moindre rayon de soleil.

Ne reste plus qu’à faire demi-tour…

La vallée est un paradis pour les nomades, nombreux à avoir monter leur yourte ici. Mais l’heure est venue pour eux de quitter les lieux et d’emmener leurs troupeaux paître vers d’autres contrées…

Nous entrons dans Kharkhorin, ancienne Karakorum, capitale de l’empire mongol de Gengis Khan. Le monastère d’Erdene Zuu est un des premiers monastères bâti lors de l’adoption du bouddhisme tibétain comme religion principale en Mongolie, en 1585 sur les ruines de Karakorum. Il fut en grande partie détruit lors des purges soviétiques de 1937 (qui virent des milliers de moines massacrés et la majorité des lieux de culte anéantis) et il ne reste aujourd’hui que 3 temples qui ont été épargnés.

La Mongolie connait une révolution communiste en 1921, soutenue par les Bolchéviques russes. Deux leaders prennent la tête du pays et il faudra attendre 1989 et l’effondrement de l’URSS pour assister à une chute pacifique de ce régime. Dès 1990, les premières élections libres sont organisées offrant à la Mongolie un des régimes politiques les plus démocratiques des pays ex-communistes. Les nomades, forcés à la sédentarisation, retournent alors dans les steppes. Les temples sont reconstruits et massivement réinvestis (aujourd’hui, ils sont presque tous habités par des moines, très jeunes pour la plupart). Le soyombo, écriture inventée par Zanabazar, un « bouddha vivant» du 17ème siècle, devient le symbole de la Mongolie.

Un autre personnage important ayant contribué à la création d’une nouvelle identité mongole, c’est Gengis Khan ! Ce chef de tribu est parvenu au 13ème siècle à unifier tous les clans du territoire sous sa bannière pour partir en quête du monde. Il fût à l’origine du plus grand empire jamais connu, s’étendant alors de Corée jusqu’en Hongrie et de Sibérie jusqu’au Pakistan… Malgré l’absence de témoignage « matériel » de cette époque, Gengis Khan est un véritable symbole pour le peuple mongol.

Le bouddhisme tibétain (dont le chef spirituel est le Dalaï Lama), pratiqué par les mongols est teinté de tengrisme (religion « animiste » des ancêtres) et de rites chamanistes. En témoignent les ovoo, des amoncellements de pierres où sont accrochés des khadag, écharpes de félicités bouddhistes, que l’on trouve partout dans le pays. Les mongols ont pour habitude de s’arrêter faire une offrande devant ces ovoo et d’y laisser un objet en lien avec leur vœu. Le sanctuaire prend alors vite des airs de poubelles…

Des poubelles ? Mission quasi impossible pour en trouver… Dans les villes, on se jette sur les quelques unes que l’on peut dégotter (sans vraiment savoir ce que deviennent nos ordures). Dans la steppe, les tas de bouteilles (vides) de vodka sont monnaie courante. Quelques locaux ingénieux sont tout de même précurseurs en matière de recyclage. Ici, une voiture coupée en deux a trouvé une seconde vie…

Notre périple se poursuit sur « la route du Milieu » le long des gorges Chuluut. Nous approchons de la Sibérie. Le froid se fait de plus en plus mordant et les paysages de Taïga apparaissent.

Nous bifurquons vers le nord au niveau du volcan de Khorgo. Le paysage est marqué par de superbes cratères mais aussi des grottes formées il y a 8000 ans par des poches de gaz dans la lave en fusion et dont le sommet s’est aujourd’hui effondré.

Une piste difficile longe ensuite le lac Blanc (Tsagaan Nuur) où l’on reste scotché devant la beauté des paysages.

La piste qui mène à Mörön déjà complexe, se pare d’une couche de neige. Les lacs et les rivières gèlent. Les Sousliks préparent leurs réserves pour l’hiver. Mais le soleil brille toujours. Et même si on sert parfois les fesses, les paysages envahis de pins et de mélèzes en valent la peine !

Nous arrivons au lac Khövsgöl, la « perle bleue » de Mongolie. Les touristes ont déserté les innombrables campements de la rive ouest et c’est seuls que nous profitons de la beauté des lieux.

Cet immense lac situé à 1645 m d’altitude est très profond et contient de l’eau pure qui peut être bue directement. Avec son grand frère le Baïkal, c’est un des plus vieux lacs du monde.

Au petit matin, nous avons la surprise d’observer une biche et son faon broutant à 10 mètres de la cellule. Magique !

Au retour, nous faisons un arrêt au site archéologique d’Ulaan Uushig où l’on peut admirer de nombreuses pierres à cerf datant de l’âge du Bronze. Ces monolithes ornés d’animaux mi-cerfs, mi-oiseau restent assez mystérieuses quand à leur fonction.

Sur la route vers UB, nous nous rendons au monastère d’Amarbayasgalant, un des rares épargné par les purges communistes. Le lieu est empreint de quiétude et de spiritualité. Nous arrivons pour l’office des moines qui nous offrent de partager avec eux un süütei tchaï (thé au lait de yak salé).

Au dessus du monastère, on monte vers l’immense stupa et les statues toujours un peu kitch de Bouddha.

Avant d’entrer à nouveau dans la capitale pour récupérer nos visas russes, nous devons payer une sorte de « désinfection » des pneus du véhicule dont on n’a toujours pas vraiment compris le fonctionnement (le dit « nettoyage » se faisant parfois à l’entrée et parfois à la sortie…). On a été frappé par l’attitude toujours très zen (pour ne pas dire inefficace) de la police et de l’armée en Mongolie. Les agents font les majorettes au milieu des carrefours bondés d’UB sans que personne n’écoute leurs recommandations. Les locaux ont une conduite franchement dangereuse sans jamais être arrêtés. Nous sommes entrés 2 fois dans des zones fermées par l’armée juste en demandant l’autorisation de passer au poste ! Etrange…

Visas en poche, on se rend au monastère de Gandan, le principal centre religieux bouddhiste de Mongolie. Il abrite 900 moines. Malgré une apparence extérieure peu séduisante et une ambiance moins authentique que d’autres, le bodhisattva de 26 m recouvert d’or vaut le détour. On ne manque pas non plus les « cours » administrés aux jeunes moines…

Bien que la capitale se modernise et que les traditions soient peu à peu abandonnées ici, on croise quand même quelques personnages revêtant leur deel sur la place centrale ou dans les allées du marché noir…

C’est ainsi que se termine nos tribulations sur les terres mongoles balayées par les vents.

Vient à présent l’heure du bilan. Niveau casse, on a battu tous les records. Une suspension arrière cassée (les 2 changées pour l’équivalent de 33 euros au marché d’UB), un support de bidon d’essence cassé, un trou sous la cellule, une plaque d’immatriculation avant mise à très rude épreuve par les passages à gai, un pneu crevé (méché), sans compter les innombrables casses de matos dans la cellule… Overlanders, soyez prévenu, malgré toutes vos précautions, la Mongolie aura raison de vos véhicules !

Ce pays restera un magnifique souvenir pour nous tous. Malgré un climat extrême et des pistes vraiment difficiles (tant pour les passagers que pour les véhicules), sillonner cette immense contrée offre un dépaysement total en nous plongeant dans un mode de vie ancestral et tellement différent ! Contrairement à ce que l’on peut imaginer, les paysages sont rarement monotones. Cela sous-entend cependant de parcourir de très nombreux km que l’on apprend rapidement à convertir en heures de route…

Ici, comme les habitants, on apprend à vivre avec et non contre la nature. Bien que les paysages soient impactés par la présence de l’homme et surtout de ses millions de têtes de bétail, ces terres font tout de même parties des plus sauvages qu’il nous reste à observer aujourd’hui. La présence de la mort est particulièrement impressionnante pour nous qui sommes habitués à enterrer le moindre de nos animaux. Ici, c’est la nature qui se charge de tout. Avant l’arrivée des soviétiques, un rite funéraire consistait à conduire le corps du défunt dans la nature et de laisser les charognards se charger de sa disparition. De cette manière, l’âme pouvait être libérée pour monter au ciel. Dans certaines régions, cette pratique tend à revenir de nos jours (bien que la majorité des gens soient incinérés). Léon s’est vraiment épanoui dans cette nature permanente. Il a adoré la chasse aux os et les cours d’anatomie

Enfin, pour les « overlander », c’est un vrai paradis. On a vraiment l’impression ici de n’avoir aucune barrière à notre liberté. Le tourisme se développe mais à un niveau encore totalement acceptable (surtout hors saison !). Les maisons d’eau présentes dans tous les villages sont un point de ravitaillement facile (suivez les chariots remplis de bidons pour les trouver…), on trouve des stations services fréquemment et la vie n’est pas cher. On peut donc se permettre de manger très souvent dans les cafés que l’on trouve là aussi de partout. Il est préférable d’aimer le mouton, la cuisine est goûtue et servie en quantité de bonhomme !

En bref, si vous hésitez encore, n’attendez plus !

Bairtla ! A bientôt !!!

 

6 réflexions sur “Mongolie – partie 2”

  1. Bonjour
    Le seul problème de votre voyage est de devenir accroc de vos aventures et ça y est je le suis super reportage
    A bientôt de vous lire
    Je projette de prendre une cellule Gazellle fixe en êtes vous toujours satisfait
    Claude

    • Bonjour,

      Merci de nous suivre et d’apporter votre regard neuf.

      Pour ce qui est d’une cellule fixe ou démontable, nous avons très prochainement besoin de séparer la cellule du véhicule pour effectuer un shipping beaucoup moins chère du japon au Canada. Cela dépend de votre utilisation en voyage courte ou longue durée
      Quelle est la différence de budget ?

      En attendant de vous lire
      Bonne continuations

  2. Je suis impressionnée par toutes les belles découvertes que vous faites au cours de ce fabuleux périple que vous nous faites partagé au travers de vos magnifiques clichés.
    Ce que « Bébé Globe-trotter » a grandit ! Qu’il est loin le temps du petit bébé qui est entré avec sa Maman dans mon atelier en poussette !
    Je me pose cependant une question : arriverez-vous à rentrer un jour ? 🙂 …
    Très bonne continuation et prenez bien soin de vous ! A bientôt pour la suite de votre savoureux périple !

    • En effet du bien du temps a passé depuis la confection de nos housses dont on ne se lasse pas!
      LA question que tout voyageur se pose en effet, même si nos aventures nous comblent, il y a aussi plein de choses que nous manquent de France et que nous serons très heureux de retrouver. Mais c’est vrai que nous avons tendance a repousser la date du retour 😉

      Merci pour votre soutien et a très bientot

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