Turquie – partie 1

Merhaba !

Après quelques hésitations au regard des nombreux attentats qui ont frappé le pays cette année, la tentative de coup d’état de cet été et la « proximité » de la guerre syrienne, on ne parvient pas à se résigner à éviter la Turquie. C’est décidé, notre passage de l’Occident à l’Orient se fera dans les règles de l’art…

bebe-globetrotter-1525Nous traversons pour la première fois une frontière très contrôlée : zones très militarisées 30 km aux abords, impressionnants barbelés anti-immigration côté bulgare, triple contrôle des papiers côté turc et fouille de la cellule… Pas très rassurant…

 

 

Nous entrons en Thrace et nous dirigeons vers la ville d’Edirne, capitale des Ottomans avant la conquête de Constantinople (Istanbul). Nous pénétrons au cœur de la religion musulmane avec un nombre incroyable de mosquées immenses et ouvragées. La cité abrite entre autre la moquée Selimiye, chef d’œuvre du célèbre architecte du XVIème siècle Mimar Sinan.

A la sortie du centre Beyazit regroupant à l’origine autour de sa mosquée une école médicale, un asile, une auberge pour les voyageurs et une medersa , nous nous voyons offrir une sucette traditionnelle et artisanale de toutes les couleurs. Ce sera le premier présent d’une très longue liste en Turquie… Nous rencontrons ici aussi le président de l’association de tourisme d’Edirne et son équipe qui ont été adorables et généreux (https://www.facebook.com/ettder/).

Nous traçons par la route qui longe la mer de Marmara pour nous diriger vers Istanbul. La région est très industrialisée (usines, raffineries, ports…), peuplée (plus de 30% de la population du pays regroupée autour de la mer de Marmara) et donc polluée.

Il était au départ convenu que l’on évite Istanbul pour limiter les risques liés au terrorisme mais notre route passant obligatoirement par là, nous ne résistons (une fois de plus) pas à l’envie d’aller jeter un œil à cette ville chargée d’histoire.

bebe-globetrotter-1416Après avoir vraiment galéré dans le trafic terrifiant de cette mégapole, s’être perdus dans le grand bazar avec notre engin, on s’arrête par hasard à côté d’une société pour donner à manger à Léon et demander quelques renseignements. En plus de nous offrir leur aide, trois frères nous offrent thé, gâteaux et clémentines. Ils nous font tous passer sur la balance à peser le cuivre : Hugo a perdu 10 kilos depuis notre départ !

 

On parvient à trouver une place en plein centre ville d’Istanbul (certainement la seule gratuite) et on se lance dans une petite visite à la tombée de la nuit (c’est-à-dire vers 17h00 !). La place de Sultanahmet entourée par le palais de Topkapi, la mosquée bleue et Sainte-Sophie est magique ! Sur place, le dispositif des forces de l’ordre est impressionnant : on est partagé entre un sentiment de sécurité et la sensation de l’existence d’un danger réel.

Nous poussons jusqu’au pont de Galata où s’entassent des centaines de pêcheurs qui tentent leur chance dans la corne d’or. Hugo ne comprend toujours pas comment ils font pour ne pas emmêler leurs lignes !

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Nous arrivons dans le bazar égyptien, le marché aux épices où les étalages photogéniques resplendissent de couleur. En revanche, le reste du bazar est déjà fermé et le lieu perd de son charme à la nuit tombée…

Après une nuit bruyante dans la cellule, on repart à l’assaut des dédales de ruelles et on sillonne les allées du bazar couvert et des nombreux caravansérails (à l’époque, des auberges pour les commerçants itinérants et leurs précieuses marchandises) reconvertis en commerces ou en ateliers d’artisans. Etalages d’étoffes, de bijoux, de lampes, de tapis… Plongeon au cœur des contes des Mille et une nuits.

Des hauteurs de la mosquée Süleymaniye en pleine prière du vendredi, on s’offre une vue imprenable sur le détroit du Bosphore qui se faufile au cœur de la ville et y déverse son flot de navires transportant poissons et autres marchandises. On gardera un merveilleux souvenir de ce passage éclair dans cette immense ville, carrefour entre l’Europe et l’Asie, l’Occident et l’Orient, la tradition et la modernité, mégalopole cosmopolite et colorée où l’individualisme n’a encore pas tout à fait pris le pas sur l’hospitalité et la générosité…

Nous roulons presque 2 heures pour quitter la ville tant elle est étendue et nous rendons au départ des ferries qui mènent au sud de la mer de Marmara. Les tarifs avoisinent les 20 euros pour une traversée qui doit prendre moins de 10 minutes ! Nous choisissons donc de contourner la péninsule par la route pour faire des économies. Nous nous rendons à Iznik par une jolie piste… enneigée ! Premières glissades pour notre bolide !

A chaque arrêt pour demander notre chemin ou acheter du pain, nous sommes bluffés par l’hospitalité du peuple turc qui nous offre systématiquement au minimum le « chai » (thé).

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A Iznik, petite ville lovée autour d’un joli lac et abritant quelques beaux vestiges du passé, on retrouve Mustafa et Sheriff, deux travailleurs rencontrés quelques heures plus tôt qui nous invitent à manger nos premiers « köftes » ! Ensemble, on partage un super moment en musique avec des jeunes du coin et leurs derboukas.

Sur la route pour Bursa, nous faisons une petite étape par le village pittoresque de Cumalikisik. Ici, toutes les maisons sont restaurées selon les méthodes traditionnelles : terre et paille en guise de ciment. Ravissant malgré les nombreux marchands du temple qui occupent les ruelles…

Notre visite de Bursa, ville historique car première capitale des Ottomans, aujourd’hui mégapole industrielle sur laquelle flotte un « smog » permanent, est assez succincte.

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Nous sommes effectivement en pleine recherche de 2 batteries à décharge lente pour remplacer les nôtre qui ont été endommagées par la panne électrique en Albanie et d’un nouveau convertisseur de tension pour le rechargement de nos appareils électroniques (il nous a aussi lâché…). On sillonne donc les magasins d’électronique où, à défaut de trouver notre bonheur, on fait des rencontres sympathiques…

Jolie ballade dans la charmante presqu’île de Gölyazi, ancienne Apollonia installée au bord du lac Ulubat. Un lieu tranquille et apaisant à cette saison, bercé uniquement par les allers et venus des pêcheurs et l’amerrissage des oiseaux. Un lieu hors du temps…

Du haut de son toit terrasse, Gökhan, un habitant du village nous invite à partager un coucher de soleil avec sa famille autour d’un café et de gâteaux faits maisons. Il vient ensuite passer la soirée dans notre cellule, les bras chargés de vivre où, malgré la barrière de la langue, on l’initie aux tactiques du Puissance 4 !

Puis, pour ponctuer le séjour, un peu d’aventure dans la grotte d’Ayva, longue de 6 km mais où l’on se trouve malheureusement stoppés trop tôt par un lac souterrain…

Quelques habitants croisés dans l’obscurité…

Depuis notre entrée dans le pays, le niveau de vie nous permet de tester pas mal de spécialités dans les petits bouibouis locaux mais aussi de nous faire plaisir sur les marchés où l’on trouve absolument tout et encore plus ! Ici, razzia sur les fruits secs, céréales, pâtes, confitures sauces tomates artisanales…

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Nous quittons les plaines froides et humides de la région de Marmara pour nous diriger vers les vestiges antiques des côtes de la mer Egée.

A Assos, on grimpe sur les ruines de l’acropole et de l’agora de la cité d’abord grecque, puis romaine et enfin byzantine. Le panorama est superbe !

Nous descendons passer la nuit dans son charmant petit port occupé par des demeures magnifiquement restaurées reconverties en hôtels luxueux.

La route entre Assos et Edremit, coincée entre mer et montagnes se perd dans les champs d’oliviers en pleine récolte. Magnifique !

Malgré un temps mitigé, on s’offre le luxe d’un coucher de soleil du haut du parc national du Kaz Dagi puis d’une ballade le lendemain qui se termine sous la pluie…

On a un vrai coup de cœur pour la petite ville d’Ayvalik entourée d’une péninsule verte et montagneuse. Le long de ses ruelles pavées, les maisons de charme ainsi que les boutiques d’artistes et d’artisans se succèdent. Comme de nombreuses villes de la côte égéenne, elle était habitée par les grecs depuis des siècles jusqu’en 1923, date à laquelle un accord signé entre la Grèce et la Turquie a conduit à un échange de populations : les turcs de Grèce ont été forcés à abandonner leur vie pour aller s’installer en Turquie et vice versa.

Coup de foudre pour les calebasses magnifiquement ajourées de  Gökhan Güngör. Rendez-vous sur www.instagram.com/duskapanitasarimatolyesi pour admirer son travail.

Léon, lui, a surtout un coup de foudre pour les vendeuses d’un magasin de tissu. Fou rire lorsqu’il leur répète en partant « gulë gulë » (« au revoir » en turc).

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Cette nuit là, on essuie le plus gros orage que l’on n’ait jamais connu dans la cellule avec une pluie battante et des éclairs toute la nuit et même de la grêle ! Le lendemain, on découvre avec désarroi l’ampleur des dégâts…

Nous quittons la côte le temps d’un détour par Bergama dont la vieille ville est elle aussi dominée par les vestiges bien conservés d’une acropole et d’un théâtre. Je pars seule affronter le froid saisissant et le vent dans les ruines du temple d’Asclépios qui faisait office à l’époque d’hôpital (cf. article concernant Epidaure).

Retour sur la côte où nous découvrons l’impressionnante présence militaire qui doit occuper au moins 70% du littoral… On sent que les relations avec le voisin d’en face ne sont toujours pas hyper détendues…

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Nous longeons une péninsule menant à Foca, ancienne Phocée bâtie par les mêmes phocéens que notre Marseille. Le lieu est réputé entre autre pour la migration chaque année… de phoques (vous suivez toujours les liens étymologiques ?).Une charmante petite ville aux allées bordées de palmiers abritant une forteresse et un port qui longe la baie.

Au détour d’un chemin alors que nous cherchons de l’eau et un endroit pour laver notre linge, Léon est attrapé au vol par Mucessem, une mamie d’un village qui le conduit chez elle pour le nourrir (réflexe numéro un de tout bon turc qui se respecte). Alors que nous sortons de table, nous n’avons d’autre choix que de faire un deuxième repas… Nous sommes ensuite entraînés lui et moi dans un moment de complicité que partage tous les vendredis les femmes du village autour d’un thé, de gâteaux et de bureks. Je suis très émue d’être accueillie ici comme l’une des leurs.

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Puis ce qui devait durer une soirée dure finalement 3 jours. Mucessem, notre « mama » turque met à l’œuvre ses talents de cuisinière et nous chouchoute. Hugo met son réveil pour aller aider Fatih, son fils, à traire les vaches et faire le berger avec les chèvres et les brebis. Nous partageons de superbes moments et repartons comme toujours, les bras chargés de présents et le cœur rempli d’émotions…

En attendant l’arrivée de papi Cocotte et mamie Cricri à Izmir, on emmène Léon à la rencontre des animaux du zoo.

Puis, on pousse jusqu’à Camalti, le paradis des oiseaux. Ce lieu constitué de nombreux marais salants entourés de roseaux est une réserve où l’on a le privilège de se réveiller entourés par les pélicans, flamands roses, cormorans, hérons et autres pécheurs. Comme un air de Camargue…

A trois jours de l’arrivée des parents d’Hugo nous nous lançons à la découverte d’Izmir, troisième plus grande ville du pays. Moderne, dynamique, aérée, verte, la ballade dans son centre ville se révèle être un vrai plaisir. On arpente le grand bazar de long en large en quête de quelques cadeaux de Noël et de nos précieux appareils et enfin, nous touchons au Saint Graal ! Après des semaines de recherche, nous parvenons à nous procurer de quoi remettre notre cellule un peu malade sur pied !

Avant de vous quitter afin de poursuivre notre périple turc, nous vous livrons les quelques tags sympas que l’on a pu croiser. Ici ils ne courent pas les rues mais les villes ont l’habitude d’offrir leurs transfos comme toiles aux artistes.

Dernier aparté : le nom Atatürk vous dit sûrement quelque chose ? C’est, littéralement le « père de la nation turc », le premier homme qui, en 1923, a instauré la République et la laïcité en Turquie après des siècles de sultanat et a conduit son pays vers la modernité. Et il est complètement vénéré par le peuple turc à tel point qu’on le retrouve partout : en photo dans chaque boutique, chaque maison, en autocollant derrière les voitures, en statut, sur les noms des rues, dans tous les livres scolaires et même taillé dans la roche ! On s’est demandé comment cela se passait pour les rares turcs qui ne l’appréciaient pas ?

Sur cette petite note d’histoire, nous vous souhaitons de très bonnes fêtes de fin d’année et on vous dit à bientôt !

Güle Güle !!! (« Partez avec le sourire » !)

6 réflexions sur “Turquie – partie 1”

  1. Toujours de très belles photos sur votre site. Languissons les futurs commentaires toujours aussi fournis de la suite de votre périple avec nous. Pleins de gros bisous les jeunes et une pensée très émue à vous 3 pour Noël malheureusement sans toute la petite tribu familiale. Vous allez nous manquer…. allez !!!! Pas de larmes. Vous vivez une aventure extraordinaire mais trouvez une gentille famille pour partager cette belle journée de Noël. On vous aime très très fort.

    • Merci beaucoup Christine pour votre gentil message.

      On va vous faire un super article avec les choses magnifiques que nous avons découverts ensemble et les supers moments partagés 😉

      Gros bisous

      A bientôt !!!

  2. Voilà celà faisait un mois et demi que je n’avais pas suivi les aventures du bébé globe trotter, reportages de fin d’année obligent. Supers photos et commentaires sur les pays traversés et les incidents électriques et autres seront vites oubliés au retour. Je vais faire un article faisant le point succinctement de votre voyage en précisant que Léon a fêté Noël à Izmir avec les grands parents paternels si j’ai bien compris. Bon voyage pour la suite et faites bien attention à votre itinéraire dans les pays que vous allez traverser.
    Amicalement
    Christian

  3. Salut les globe-trotters
    Lilou et Patrice vous souhaitent une magnifique année 2017 remplie de belles rencontres. Nous sommes rentrés fin novembre de notre périple à vélo et nous pensons souvent à vous et nous sommes rassurés de voir que tout va bien pour vous.
    Voulez vous recevoir notre compilation du journal de bord et si oui à quelle adresse mail pouvons nous vous l’envoyer.

    Amicalement Nelly et Patrice Boiron

    • Salut les bikers !!

      Meilleurs vœux a vous aussi et on vous souhaite de repartir vite pour votre deuxième partie de périple
      Ça nous ferais plaisir de pouvoir lire vos aventures, notre adresse mail : bebe-globetrotter@outlook.com

      On espère que vous avez passé de bonnes fêtes
      A bientot (peut être au bout du monde..)

      La famille globetrotter

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